Le prêt proposé par les banques aux apprentis est destiné en premier lieu à financer la formation professionnelle des jeunes étudiants, mais sert également à payer l’ensemble des frais qui se rattachent à l’apprentissage ou à satisfaire des besoins personnels. Des dépenses que bien des familles ne peuvent supporter.
Le prêt apprenti permettra de financer l’achat d’une voiture, de matériel, de faire face aux frais de scolarité, de régler la caution du logement ou encore les fournitures scolaires.
Les banques utilisent souvent des arguments de choc pour attirer de jeunes étudiants, mais qu’en est-il exactement des éléments de l’offre et du taux d’intérêt proposé ? Existe-t-il des alternatives au prêt apprenti ?
Voici un dossier complet pour répondre à vos questions et vous aider à faire les meilleurs choix.
SOMMAIRE
- Qu’est-ce qu’un prêt apprenti ?
- Les éléments importants à négocier avec votre banquier
- La protection de l’emprunteur
- Faut-il souscrire une assurance emprunteur ?
- Quelques exemples d’offres bancaires
- Les risques de la caution solidaire
- Les solutions alternatives
- La rémunération de l’apprenti et le contrat d’apprentissage : les éléments qui inquiètent le banquier
- Simulez votre future mensualité et calculez le coût global
Qu’est-ce qu’un prêt apprenti ?
Il n’existe pas de prêts spécifiques proprement dits. Les offres regroupent plutôt des conditions de taux et de remboursement destinées soit aux étudiants en général (attention, certains sont réservés aux élèves suivant des études supérieures) soit aux salariés en contrat d’apprentissage (BEP, CAP, Bac pro…) ou même aux jeunes actifs, les apprentis pouvant être considérés à la fois comme travailleurs en activité et étudiants.
Quel que soit le cas de figure les banques proposent des aménagements qui tiennent compte de la situation de l’apprenti, ce qui ne les empêchent pas de se montrer toujours aussi intransigeantes en termes de garantie. Vous ne pourrez pas – sauf à entretenir d’excellentes relations avec votre banquier – obtenir un financement sans le concours d’un garant.
Pour résumer, le prêt apprenti est un crédit à la consommation qui peut prendre la forme d’un prêt affecté ou libre. Dans le premier cas, l’objet est défini dans l’offre préalable, dans le second, vous n’avez pas à justifier les dépenses. Si la plupart des offres permettent une utilisation libre des fonds, sachez que certaines banques comme la BRED limitent l’utilisation au seul financement du matériel.
N’oubliez pas enfin qu’il faut être majeur pour contracter un emprunt, sauf dans le cadre du cadre du « permis à 1 € » où les mineurs de 16 ans et plus peuvent souscrire sans l’accord des parents.
À savoir : il n’est pas possible de financer un projet immobilier avec un prêt apprenti.
Les éléments à négocier avec votre banquier
Les offres des banques en direction des apprentis présentent déjà certains avantages. Voici les points que vous devez absolument comparer avant de signer :
- Le taux d’intérêt : il s’agit d’un élément déterminant et notre étude montre des écarts significatifs.
- Le différé de remboursement. Le report peut être total (capital plus intérêts) ou partiel (uniquement des intérêts). Particulièrement utile lors d’une première année d’apprentissage où les rémunérations restent faibles.
- Les frais de dossier à 0 €. C’est le cas de toutes les propositions que nous avons analysées.
- L’absence de pénalités de remboursement par anticipation : inutile s’il est inférieur à 10 000 € puisque dans ce cas la Loi vous permet de rembourser sans frais.
- L’assurance emprunteur : elle est facultative ce qui ne vous empêche pas de souscrire un contrat soit directement auprès de l’organisme prêteur soit auprès d’une compagnie externe à la banque. (Voir plus bas notre exemple chiffré).
La protection de l’emprunteur
À l’inverse des pays anglo-saxons, le dispositif juridique français protège efficacement l’emprunteur. Il réglemente la publicité des crédits à la consommation (indication du TAEG, exemple chiffré…) et contraint la banque à contrôler systématiquement la solvabilité de l’emprunteur.
Cette mission tient principalement en 2 points :
- Accès au FICP (fichier national des incidents de paiement). Ce fichier répertorie entre autres les personnes qui ont eu 2 mensualités consécutives impayées ou 1 échéance non réglée pendant plus de 2 mois.
- Analyse du taux d’endettement. Celui-ci ne doit pas dépasser 33 % des revenus nets de l’emprunteur et tient compte de tous les emprunts en cours.
Important : le ratio d’endettement s’apprécie toujours en rapport du « reste à vivre » qui correspond au montant disponible une fois réglé l’ensemble des crédits. Celui-ci ne sera donc pas le même suivant que l’apprenti est logé chez ses parents ou dispose d’un logement propre.
Le délai de rétractation
La signature de l’offre préalable n’engage pas définitivement l’emprunteur. Ce dernier dispose d’un délai de rétractation de :
- 14 jours s’il opte pour un prêt personnel non affecté.
- 3 jours s’il s’agit d’un prêt affecté (rattaché à un bien de consommation comme dans le cadre d’un prêt-auto).
Le remboursement anticipé
La Loi vous autorise à rembourser tout ou partie de votre crédit par anticipation. Vous ne payez aucune indemnité si le capital restant dû remboursé est inférieur à 10 000 €. Au-delà, la pénalité est de :
- 1 % si la durée restante est supérieure ou égale à un an.
- 0,5 % si la durée restante est inférieure à un an.
Faut-il souscrire une assurance emprunteur ?
En général, la banque n’oblige pas l’emprunteur à assurer un prêt consommation ce qui ne veut pas dire qu’il est inutile de souscrire des garanties décès, invalidité et incapacité de travail.
Une assurance emprunteur est d’autant plus souhaitable qu’un jeune actif en situation de démarrage ne dispose pas d’un capital de côté lui permettant de faire face aux échéances en cas de perte de revenus occasionnée par un arrêt de travail.
La situation financière de la caution doit également être prise en compte, car c’est elle qui devra rembourser le prêt en cas de problème de santé.
Si vous décidez de souscrire une assurance emprunteur, pensez aux délégations externes qui vous permettent de bénéficier d’un tarif individuel qui tiendra compte de votre âge et s’avèrera au final moins cher.
À titre d’exemple, un jeune apprenti né en 1996, non-fumeur et qui souhaite assurer un prêt amortissable de 5000 € sur 4 ans, sans différé, à un taux fixe de 1,5 % paiera pour les garanties décès, PTIA, ITT, IPP et IPT : (1) 6,08 € par mois, ce qui correspond à un taux moyen sur capital emprunté de 0,08 %.
Notre résultat a été simulé sur la base des tarifs de CARDIF (filiale de BNP Paribas).
De nombreuses compagnies proposent des délégations externes à des tarifs avantageux comme APRIL, AFI-ESCA, ALPTIS ou encore GENERALI. N’hésitez pas à comparer leurs conditions.
(1) : définitions :
PTIA = perte totale et irréversible d’autonomie.
ITT = incapacité totale de travail (avec une franchise de 90 jours).
IPP = invalidité permanente partielle (équivalent à un taux de 33 %).
IPT = invalidité permanente totale (équivalent à un taux de 66 %).
Ces tarifs sont donnés pour des jeunes de 20 ans, non-fumeur, n’exerçant pas d’activité professionnelle à risque ou d’activité sportive dangereuse (deltaplane, plongée sous-marine…) et peuvent varier en fonction des réponses au questionnaire de santé de l’assureur.
Quelques exemples chiffrés
Banques | TAEG | Montants | Frais de dossier | Durée | Différé possible | Conditions | Plus |
BANQUE POSTALE | 4,49 % (1) | De 1000 à 15000 € | 0 | De 1 à 7 ans | Oui | De 18 à 25 ans | En formation BEP, CAP ou Bac pro Souscription possible par téléphone |
BNP Paribas | 0,90 % (2) | De 750 à 21500 € | 0 | De 4 mois à 60 mois | NC | De 18 à 29 ans | NC |
BRED (3) | 1,71 % | De 1000 à 4000 € | 0 | De 12 à 48 mois | Partiel (4) | De 18 à 27 ans , inscrits dans un CFA (CAP, BEP, BTS, Licence pro ou master en apprentissage.) | NC |
SOCIETE GÉNÉRALE | 4,70 % (1) | De 1000 à 15000 € | 0 | De 1 à 9 ans | Partiel (4) | Plus de 18 ans en apprentissage dans l’artisanat. | Prêt modulable. Réponse de principe immédiate. Déblocage en 1 semaine |
CAISSE D’ÉPARGNE | 0,90 % | Maxi 15000 € | 0 | De 1 à 5 ans | NC | NC | Pas d’indemnités de remboursement anticipé. |
L’objet est libre sauf pour BRED pour laquelle les fonds sont réservés à l’achat de matériel). Les assurances sont facultatives. (1) Taux donnés dans les exemples chiffrés en juillet 2016. Les conditions peuvent varier en agence. (2) Conditions en vigueur jusqu’au 15/10/2016. (3) Du groupe Banque Populaire Caisses d’Épargne. (4) Jusqu’à 2 ans. (5) La SOCIETE GÉNÉRALE propose un complément un prêt personnel à taux 0 de 1500 € remboursable sur 24 mois. |
D’autres banques comme le CRÉDIT AGRICOLE ou le CIC proposent des formules adaptées aux jeunes actifs.
Pensez également à contacter les caisses de retraite qui proposent également des financements adaptés à des taux préférentiels.
Les risques de la caution solidaire
La plupart des banques n’accordent un prêt aux apprentis qu’avec le concours d’une caution. Encore faut-il que le garant du prêt présente toutes les garanties nécessaires et en premier lieu qu’elle dispose de revenus suffisants pour faire face au remboursement du crédit en cas de défaillance de l’emprunteur.
Il existe différents types de contrats de cautionnement, mais la banque exige généralement une caution solidaire.
Elle oblige le garant à renoncer au bénéfice de discussion, ce qui signifie que le cautionnaire devra régler en lieu et place de l’apprenti dès la première échéance impayée si la banque l’exige.
Se porter garant engage irrémédiablement le patrimoine du cautionnaire. Même s’il s’agit de rendre service à ses enfants, la décision ne doit pas être prise à la légère et il est préférable de chercher une solution alternative au crédit bancaire traditionnel avant de s’engager.
À savoir : la demande peut être refusée même avec le concours d’une caution, l’analyse de risque restant avant tout une étude globale de la situation de l’emprunteur et des éventuelles cautions.
Les solutions alternatives à la banque
Il existe quelques formules qui permettent d’éviter de passer par une banque. Simples à mettre en place, elles offrent de plus une grande souplesse pour un coût plus faible.
Le prêt familial
Le prêt familial est une solution qui, lorsque le prêt est octroyé par les parents, permet de rembourser à un rythme adapté aux faibles revenus de l’apprenti.
Sa mise en place ne nécessite pas de formalités particulières s’il est accordé sans intérêts, ce qui est généralement le cas. Une simple déclaration aux services fiscaux permet de donner une date certaine au prêt, mais cette démarche ne constitue en rien une obligation.
Le prêt entre particuliers
En dehors du cercle familial et amical, il existe des solutions sécurisées comme avec YOUNITED CREDIT (ex PRÊT D’UNION) qui a reçu l’agrément de l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR) et l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) pour exercer en tant qu’établissement de crédit.
YOUNITED CREDIT bénéficie d’actionnariats forts comme le CRÉDIT MUTUEL ou AG2R LA MONDIALE et permet de bénéficier de prêts à des taux compétitifs.
Souscription au nom des parents
Une autre solution consiste à souscrire le prêt au nom des parents. Encore faut-il que la relation avec l’apprenti soit basée sur la confiance et que ces derniers aient la capacité financière de contracter un nouvel emprunt.
Lorsqu’elle est possible, cette formule lève les obstacles liés aux faibles rémunération de l’étudiant et qui permet au jeune un remboursement plus adapté à sa situation.
Rémunération et statut de l’apprenti : un obstacle au crédit ?
Malgré les effets d’annonce et les propositions alléchantes, les banques sont conscientes que le statut et le salaire d’un apprenti ne lui permettent pas de rembourser sereinement un crédit. C’est d’ailleurs souvent sur ces aspects que les prêts sont refusés.
CDI ou contrat à durée déterminée : l’élément qui change tout
La nature du contrat d’apprentissage est un élément essentiel de votre demande. Un CDI est très apprécié de la banque, même s’il démarre par la période d’apprentissage. Il confirme que le salarié et l’employeur inscrivent leur collaboration dans la durée. À contrario, un contrat limité à la durée d’apprentissage (CDD) fragilise le dossier.
Le niveau de rémunération : une faiblesse dans le dossier
La faible rémunération des apprentis explique le recours quasi systématique à la caution. Il est vrai que si votre employeur se base sur les minimas conventionnels, votre salaire ne permettra pas de rembourser un prêt.
Cette situation est encore plus complexe pour les étudiants en 1re année d’apprentissage puisque la rémunération varie entre 25 et 53 % du SMIC suivant l’âge.
Les apprentis de 2e et 3e année sont mieux lotis, mais le niveau des salaires reste encore trop faible, même pour les jeunes de 21 ans et plus dont la rémunération atteint 61 % du SMIC en 2e année et 78 % en 3e année.
On reste encore du loin du salaire minimum qui est de 1 521 € brut mensuel.
À noter que les salariés en contrat de professionnalisation bénéficient de salaires plus importants, notamment les plus de 26 ans qui perçoivent le SMIC.
Attendre la fin de la période d’essai pour financer des projets
Le risque qui pèse sur la rupture de contrat de travail pendant les 45 jours qui suivent sa signature (pour ceux signés après le 19 août 2015) implique d’attendre la fin du délai pour déposer une demande.
Le recours à la caution d’un tiers lève bien entendu cet obstacle puisque c’est ce dernier qui se chargera de rembourser le prêt si l’apprenti se montre défaillant.
Simulez votre futur prêt apprenti
N’hésitez pas à demander à votre banquier d’effectuer plusieurs simulations. Elles vous permettront de faire le meilleur choix de la durée et d’en mesurer l’impact sur le coût global. Vous pouvez également utiliser nos simulateurs pour calculer votre capacité d’emprunt, la mensualité ou le coût de votre futur crédit.